Le Diner est Servit

C'était étrange comme la nuit certain lieux ont la faculté de soudain s'animer de vie, comme s'ils étaient eux aussi des créatures de la nuit. Il était moins étrange d'y retrouver des créatures appartenant au même cycle lunaire. Le vampire était parfaitement conscient du fait qu'il était un véritable cliché, bien vêtu, mais d'apparance d'un autre temps, ses charmes mis en valeur par ses goûts d'une extrème sûreté, il savait très exactement comment se refletait son image dans les esprits humains. Sur la piste des demoiselles et des demoiseau virveltant au gré d'une musique pop un peu rock, un peu rageuse, reflétant tout l'esprit de cette époque désabusé n'essayant même plus de s'aveugler d'illusion. C'est pour cela qu'il aimait cette époque, ces lieux, ces jeunes dansant sans aucune illusion dans l'esprit, ne songeant plus déjà à cet avenir noir.

C'est ainsi que fortuitement, son regard croisa celui d'une jeune femme. Elle était plutôt jolie, à sa manière. Vraiment différent du type de beauté qu'on rencontre en Californie, ses yeux noirs soulignaient son teint laiteux, ses cheveux foncés descendaient en cascade autour de son visage. La belle s'était vêtue d'une robe noire en velours, elle portait des gants de dentelle noire, et au médaillon en camé qu'elle portait autour du cou, il en devinait les goûts d'esthète d'une petite gothique. Il s'étonna qu'une telle femme soit ici, parmi cette population insolante et aveuglée par une jeunesse dorée, comme une ombre sur leur visage radieux. Dès que son regard la caressa, il en tomba amoureux. S'approchant d'elle, il pu capté son regard. Lui aussi n'était pas ordinaire, comme déplacé d'une époque et de lieux différent. Il suffisait qu'il dise qu'il est français pour évacuer les doutes. Son exentricité étaient naturelle dès lorsqu'il était français. Peu importe...

Accrochée à son bras, la femme dansait doucement, se balançant de droite à gauche au gré des mouvements du vampire, elle avait une sensualité dans ses mouvements et dans ses gestes que Lestat ne pouvait expliquer et d'un autre côté qu'il ne pouvait cesser d'admirer. Il avait songé un instant combien elle ressemblait à la douce follie qu'était Drusilla, mais la jeune femme ne vivait pas dans les mirages, elle vivait dans ses rêves. Sans doute le voyait-elle comme un prince charmant. Il était indéniable que ce goût morbide pour les contes de fée cauchemardesques allait lui coûter la vie. Mais ce qui redoublait l'intérêt du vampire pour la belle et douce, c'était aussi parce qu'il sentait flotter sur elle, un parfum de magie. Oh! Très subtile. Elle ne devait pas être encore à un haut niveau, sinon elle aurait senti immédiatement ce qu'il était, les sorcières sont toujours si méfiantes envers les vampires, parce qu'elles en sentent la mort. Doucement, il plongea sa tête vers la nuque soyeuse de la jeune femme. Lentement ses cros s'enfoncèrent dans la peau tandis que la jeune femme passait sa main sur la nuque du vampire, en poussant de léger soupir de plaisir. Le vampire ne cessait de danser alors que le liquide si précieux s'écoulait dans sa gorge.

Le vampire s'était pas mal amusé durant cette soirée et présentait le levé du soleil. Il se glissa hors de la boite de nuit. L'obscurité laissait doucement place à la lumière douce et chaude du matin. Le vampire aurait donné son immortalité pour contempler sa beauté, sentir sa chaleur sur sa peau. Tout ce qu'il pouvait faire c'était se contenter d'en sentir les prémises et c'était déjà pas mal. Certain vampires ne pouvaient pas en bénéficier, les lueurs du matin leur étant insupportable. Lestat jeta un dernier coup d'oeil à la lumière déclinante et disparu dans les ruelles sombres pour rejoindre rapidement le manoir de Angel.

[> Manoir de Angel]